Mais que faisais-je donc à Dakar? bien sûr, découvrir le Forum Social, s'enrichir de tout ce foisonnement d'idées, d'initiatives, mais aussi animer, avec des amis, une table ronde sur ... le dialogue! c'est bien sûr la suite logique de ce que je racontais dans le billet précédant. Car il y a bien ce "melting pot" d'idées, mais parfois on a aussi l'impression que tous ces courants d'idées sont juxtaposés les uns aux autres, sans susciter beaucoup d'échanges, de possibilités de s'enrichir, de s'écouter, en particulier lorsque les racines de ces idées sont différentes, voire éloignées. Voilà pourquoi je participais là bas une table ronde dont le but était le dialogue entre chrétiens, musulmans et marxistes. Nous avons proposé une régle du jeu en 3 points: a) se battre ensemble pour des valeurs communes (paix, justice, fraternité) b) chacun gardant son identité, sans la masquer. Car parfois, au prétexte d'éviter tout motif de division, chacun masque, cache son identité. Mais alors, comment s'enricihir de la différence? la deuxième point était donc d'affirmer son identité, mais comme un don pour l'autre c) le troisième point quant à lui est se s'enrichir de ce qu'est l'autre, en enlevant tous nos préjugés et aussi toute idée de ramener l'autre à nos propres convictions..Lors de notre table ronde, une idée force a émergé: quelque soit notre horizon (marxiste, chrétien ou musulman), nous croyons tous en l'empathie comme catégorie politique.. Tout un programme, sans doute à discuter avec d'autres!
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Forum Social
Je rentre du Forum Social Mondial à Dakar... De quoi s’agit-il ? A première vue, un joyeux et pacifique méli mélo puisque des associations, mouvements, courants d’idées aussi divers que la Caritas, Attac, l’Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique, Transform’Europe, la Cimade, le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde ou les Focolaris se réunissent en un même lieu pour débattre, échanger leurs idées et leurs initiatives en faveur d’une société plus juste, plus fraternelle. Pour eux, un autre monde est possible. Et non seulement les communications viennent de bords aussi différents, mais aussi de toute la planète, de l’Inde au Brésil en passant par l’Afrique ou l’Europe. L’effervescence est garantie d’autant plus que chaque jour, on trouve quasiment 150 ateliers (et pendant 4 jours) de 3 heures sur la dignité humaine, la justice, l’égalité, l’accès à l’eau, la souveraineté alimentaire, la préservation des droits humains, la protection de l’environnement, la promotion de la démocratie, etc. C’est un laboratoire, dans lequel sont débattues des propositions comme par exemple le «Basic Income» (un revenu minimal garanti à chacun) ou le commerce équitable. Cette année, le Forum en est à sa 10ème édition, puisque cette dynamique a commencé en 2001 avec un 1er Forum à Porto Allègre (Brésil). Et, autre caractéristique de l’édition 2011: le Forum se tient à Dakar, au Sénégal. En soi, le seul fait qu’un tel espace de discussion puisse se tenir presque tous les ans, à l’échelle mondiale, en réunissant des acteurs aussi hétéroclites tient déjà de la prouesse la plus improbable. Cependant, bien que ces éditions successives soient un réel succès (de 100 000 à 130 000 participants), l’organisation du Forum a déjà connu des crises majeures en particulier lorsqu’il y a 2-3 ans certains groupes occidentaux idéologiquement très marqués n’ont plus pu soutenir financièrement le Forum. Mais c’est justement à partir de cette crise que le Forum a rebondi pour relever de nouveaux défis. En particulier, comme certaines causes pour les droits humains imposent le respect de la culture des peuples traditionnels comme les Indiens d’Amazonie ou certaines ethnies africaines, lesquelles incluent des valeurs spirituelles et religieuses, les associations de tout bord ont du dialoguer avec cette composante religieuse. Un vrai défi, à la fois pour certains groupes peu enclins à s’ouvrir à cette dimension de l’Homme mais aussi pour les organisations religieuses, contraintes ainsi de se focaliser de façon plus explicite sur les contenus plus humanistes de leur foi. Ainsi, bien que la contribution du Forum consiste essentiellement à favoriser l’émergence de nouveaux concepts dans le domaine social, son impact se situe bien au-delà de ces limites, en particulier dans le domaine du dialogue entre les cultures et les convictions, qu’elles soient ou non religieuses. On peut ainsi conclure que le Forum est passé d’un débat exclusivement centré autour de nouvelles orientations sociales à un dialogue ouvert aussi aux diverses spiritualités.