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dialogue

  • Dépasser ses préjugés

    Je fais de la recherche dans le domaine des neurosciences comportementales, un domaine peu ouvert à la modélisation mathématique, à la fois en raison de l’insuffisance de données exploitables, mais aussi pour des raisons plus profondément idéologiques, car nous n’aimons en général pas beaucoup l’idée que le comportement humain puisse être explicable par des équations. Voilà qu’un ami, chercheur en économie, me propose de faire un modèle mathématique des hypothèses que je défends dans mon domaine. Je sens en lui beaucoup d’écoute, et d’intérêt gratuit pour ce que je fais ; je sais qu’il vit lui aussi pour un monde plus fraternel, ce qui me pousse à voir des motivations positives dans ce projet. En même temps, m’aventurer dans la direction qu’il propose est une barrière culturelle quasiment infranchissable pour moi. Je décide néanmoins d’écouter ce qu’il propose, et de me lancer dans le vide, en dépit des préjugés et des réserves, nombreuses, que j’ai par avance. Cela m’occasionne beaucoup de travail, et petit à petit, au travers de cette collaboration, je combien à quel point mon domaine est peu précis, incapable souvent de fournir les données qui seraient nécessaires. Nous aboutissons à une première ébauche, qui ne résistera guère à un argumentaire sérieux. Une seconde tentative n’aboutira pas davantage. Mais nous continuons le dialogue et finalement un troisième manuscrit se fait jour, qui sera soumis à un éditeur. Cet éclairage des mathématiques me fait voir les limites de nos travaux, car je suis incapable de répondre sérieusement à la plupart des questions qu’il pose, et en même temps, cette modélisation, avec les pauvres données que j’ai pu fournir, permet d’élaborer de nouvelles hypothèses qui viendront nourrir mon travail futur. Autrement dit, voilà un nouvel éclairage qui fait avancer ma discipline, mais qui me vient d’une autre discipline que j’aurais eu tendance de considérer comme une « ennemie ». Hier, j’ai appris que l’article avait été accepté par le journal spécialisé, et bien sûr, j’étais ravie. C’est le fruit de 5 ans d’efforts, mais je me dis que ça valait la peine de laisser tomber mes préjugés pour m’ouvrir à ce dialogue !

  • La réciprocité

    Parfois, je suis pleine de bonnes intentions. Il y a 8 jours, je me disais que j'allais écrire à X pour lui dire tout mon soutien pour le travail délicat qu'il était sur le point d'entreprendre en Italie, et à Y pour lui souhaiter une bonne année universitaire, et encore à Z pour lui souhaiter un bon anniversaire, sans oublier S, qui devait repasser une épreuve de son diplôme d'infirmière et que je voulais encourager, et une pensée pour M qui venait de perdre sa maman. Et le soir, maigre bilan: je n'avais rien fait! mais voilà que je trouve dans ma boîte mail le courriel d'un ami canadien, venu me souhaiter une bonne rentrée, le jour même de la rentrée! Aussitôt dit, aussitôt fait! alors que je m'apprêtais pourtant à me coucher, m'estimant morte de fatigue, j'écris à X, puis à Z et quelques minutes plus tard je suis en train de choisir la carte la plus approrpiée pour S, et enfin je rédige un mail pour M! D'où m'est venue toute cette energie? mais du mail de cet ami! Je sentais comme une chaîne, initiée ailleurs, et que je pouvais poursuivre ici.. Ce geste de fraternité que l'on reçoit, et que l'on transforme en gestes de fraternité pour d'autres: Une réciprocité qui, plus qu'un retour de manivelle à l'envoyeur, devient germe d'une société plus fraternelle ailleurs! Je me suis couchée 30 minutes plus tard que prévu, mais avec quelle joie en moi!

  • Cameroun-Nigeria: exemple d'un conflit réglé par la dialogue

    Peu de médias en ont parlé.. Pourtant, depuis hier matin, un différend territorial opposant le Nigeria et le Cameroun a été conclu par le dialogue.. En effet, le Nigeria a rétrocédé au Cameroun la presqu'île de Bakassi, évitant la reprise d'un conflit qui avait sévi dans cette région en 1981. Le conflit datait depuis les indépendances (1960), et a été résolu grâce à la Cour internationale de justice.
    A noter: la presqu'île en question est un territoire de 700 kilomètres carrés, riche en ressources pétrolières, gazières et halieutiques. Il ne s'agit donc pas d'une rétrocession sans enjeux économiques. On peut féliciter le courage de la décision du président nigérian, d'autant plus admirable qu'il affronte une forte opposition dans son pays. Ce fait démontre une fois de plus que le dialogue peut éviter bien des morts! Fait intéressant: cette décision exemplaire a été prise entre deux pays africains, alors que les médias ne cessent de nous dépeindre ce continent comme l'exemple-type des guerres tribales et des violences en tout genre. Voici donc un nouvel exemple de tout le positif de l'Afrique d'aujourd'hui!
    En entendant à la radio les nouvelles du conflit au Caucase, je regrettais que peu de médias aient évoqués cette nouvelle africaine qui contient pourtant tant d'espoir! Comme si tout le monde s'emballait avec délectation pour la dévastation, comme si le malheur fascinait ces spectateurs avides que certains médias voudraient que nous soyions! "Les malheurs d'autrui ont toujours quelque chose de réjouissant pour le regard des autres.. " (dans Les démons, Dostoïevski). Que ferons nous pour lutter contre cette tendance morbide?