Actuellement, la question bioéthique est au premier plan. Chacun y va de son opinion en matière d’euthanasie, de clonage, d’expérimentations sur l’embryon, de création de chimères homme/animal, etc. Le débat est souvent vif, se caractérisant parfois par l’absence d’écoute entre les tenants de l’une ou de l’autre opinion, chacun rangeant l’autre dans une catégorie définitive. Certains tentent alors de prendre de la hauteur au milieu de ce cafouillage, essayant de fournir des explications quant aux courants de pensée qui aboutissent aux termes du débat. Les mentalités seraient permissives car sans repères éthiques, ignorant le bien et le mal. Ou bien : les mentalités seraient permissives en raison des valeurs dominantes de la société de consommation, dans lesquelles l’autre n’est plus un sujet, mais un objet. Ou encore : tout est permis en raison du relativisme ambiant, pour lequel toutes les attitudes se valent. Ou encore : c’est la science, sans conscience, qui est responsable de tous ces maux, les scientifiques n’étant que des apprentis sorciers irresponsables. On pourrait rallonger la liste. Le débat peut-il se résumer à ces termes ? Je ne le crois pas et, pour ma part, je pense que la permissivité en matière de bioéthique ne provient pas tant d’une évolution morale des mentalités, mais d’une conception bien précise de ce que c’est que la vie, véhiculée par la biologie moderne. Car si nous ne sommes rien d’autre qu'un amas de molécules, pourquoi se poser des questions éthiques? En effet, les sciences de la vie ont adopté une méthode dite réductionniste : elle consiste à réduire la complexité des systèmes vivants en des entités de plus en plus simples. Ainsi, l’être vivant est réduit en organes, les organes en tissus, les tissus en cellules, les cellules en molécules. Cette méthode a bien sûr toute sa légitimité. Ce qui est par contre beaucoup moins légitime, c’est d’en tirer des conclusions quant à la nature du vivant, comme l’affirmation que l’Homme n’est rien d’autre qu’un tas de molécules. En effet, cette approche réductionniste ignore tous les phénomènes liés à la complexité, à l’émergence de nouvelles propriétés résultant d’innombrables interactions entre les composés élémentaires, etc. Cette description du vivant est donc incomplète car elle ignore les liens entre les choses ; cette ignorance conduit à une conception réductionniste de l’Homme, aboutissant à une absence de considérations éthiques, bien plus que les mentalités permissives.
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L'homme et l'animal
De l'homme ou de l'animal, qui faut traiter avec le plus de déférence? Envers lequel se soucier davantage? Pour moi, la réponse est claire: c'est l'Homme qui a ma priorité. Pourtant, les lois de notre pays ne semblent pas toujours aller dans ce sens. Un exemple: les conditions d'hébergement des animaux de laboratoire. Pour obtenir un agrément (le sésame obligé pour pouvoir stabuler des rongeurs de laboratoire), les laboratoires publics ou privés doivent disposer de locaux dans lequels l'air est ventilé plusieurs fois par heure et filtré, l'hygrométrie contrôlée, la température parfaitement climatisée, etc. Je me souviens de 2003, lorsque les personnes âgées mourraient faute de climatisation. Mon bureau non plus n'était pas climatisé, et quand je cherchais un peu de fraîcheur, c'est dans les locaux de stabulation des animaux qu'il me fallait aller.. Je me souviens aussi de longs mois passés à l'hôpital une année, la chaleur dehors, moi couchée sur une alèze en plastique et étouffant dans la transpiration toute la journée... Oh, je me réjouis bien sûr que les animaux soient hébergés dans de bonnes conditions: c'est une bonne chose, indéniablement. J'ai beaucoup de sympathie et de respect pour ces êtres. Mais je pense que parfois nos lois disent quelque chose de ce que nous sommes, des priorités que nous nous donnons... et là, cette histoire fait quand même froid dans le dos! Quand nous soucierons nous de ceux qui souffrent: personnes âgés ou malades hospitalisés?