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Réfléchir

En général, c’est plutôt l’inverse ! Telle biotechnologie est utilisée chez les plantes ou chez les animaux, mais elle est rigoureusement interdite chez l’Homme. On peut évoquer par exemple le cas du clonage : personne n’est choqué à l’idée de cloner une plante ou un animal mais l’idée d’employer cette technique chez l’Homme suscite un effroi bien légitime. Et pourtant, il existe un exemple inverse, un cas où l’utilisation d’une technique est admise, voire souhaitée chez l’Homme, et où son usage chez l’animal ou la plante déclenche des débats vigoureux, voire des manifestations ou des procès. Devinez dans quel domaine ? Vous ne trouvez pas ? Vous donnez votre langue aux chats ? Eh bien, il s’agit du domaine des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM).
De quoi s’agit ? De rien moins que de modifier le patrimoine génétique d’un organisme vivant. Cela est par exemple réalisé chez les plantes pour les rendre résistantes à tel agent infectieux, ou pour permettre d’accroître leur production. Chez les animaux, les OGM sont utilisés par exemple dans le domaine de la recherche biomédicale.
Or, l’usage des OGM chez les plantes est largement décrié, en vertu du principe de précaution. On ignore en effet assez largement les risques liés à ces organismes. Chez les animaux, leur utilisation est fortement contrôlée : par exemple, les conditions d’hébergement de souris OGM à destination de la recherche biomédicale est soumis à un réglementation très stricte et fortement sécurisée. Pourtant, chez l’Homme, cette technique est utilisée dans le domaine de la médecine, comme par exemple dans le domaine de la thérapie génique. Il s’agit dans ce cas de complémenter un variant défectueux d’un gène par un variant fonctionnel. Cela peut être rendu nécessaire dans le cas de certaines maladies liées à un gène défectueux. Des essais prometteurs ont suscité bien des espoirs chez les personnes atteintes de certaines maladies liées au déficit de fonctionnement d’un gène. On peut mentionner par exemple le cas d’une maladie génétique appelée DICS-X. Dans cette pathologie, les déficit génétique l'absence de cellules immunitaires fonctionnelles, rendant les sujets vulnérables à toutes les infections. Pour survivre, les enfants atteints sont donc obligés de vivre dans milieux stériles, d'où le nom de " bébés bulles " qui leur est communément donné. Un premier essai a été réalisé en l’an 2000 sur deux nourrissons atteints de DICS-X, par une équipe française de l’Hôpital Necker. Les résultats semblaient enthousiasmants puisque les enfants semblaient guéris. Malheureusement, l’optimisme fut de courte durée car les effets secondaires sont apparus 3 ans plus tard, induisant une leucémie. Néanmoins, l’espoir demeure sur la possibilité de traiter ainsi les maladies génétiques.
Ces observations peuvent sembler provocantes. Leur but n’est cependant pas de choquer, mais de faire réfléchir. En effet, les OGM ne sont ni bons ni mauvais. Il s’agit d’une technique, et une technique n’est ni bonne ni mauvaise. Ainsi, être contre les OGM n’a pas grand sens ! On peut être réservé sur les conditions de certaines utilisations des OGM, par exemple dans le domaine de l’agriculture. Mais cette réserve ne portera alors pas sur les OGM, mais sur une utilisation précise des OGM. Cette remarque souligne une fois de plus la nécessité de bien réfléchir à ce que l’on fait, et de ne pas agir sur le coup de ses affects. Les émotions sont parfois de mauvais conseil !

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