La semaine dernière, alors que je suis pour deux jours dans ma famille, je vais rendre visite à Lucienne, une cousine germaine de maman, à l’hôpital. Il s’agit d’une femme de 87 ans, sans mari ni enfants. Son unique frère aussi est décédé si bien que sa belle sœur est sa plus proche parenté. Elle vit dans une maison de retraite, mais est hospitalisée depuis quelques semaines suite à une détresse respiratoire. Elle est couchée dans son lit, vêtue d’une chemise de nuit et d’une robe de chambre. Je remarque qu’à ses pieds, il y a des sur-chausses chirurgicales. Elle ne se plaint pas et, malgré son désarroi, est d’une remarquable dignité. A un moment, je comprends que dans l’urgence de son hospitalisation, tout a été oublié : elle n’a ni chaussons, ni peigne, ni serviette de bain, ni chemise de nuit de rechange. Personne, de son proche entourage, n’a constaté ce qui manquait. Une voix au fond de moi (sans doute ma conscience) me dit d’aller d’urgence acheter des chaussons, puis de solliciter ma maman et ma marraine pour trouver le reste. Une petite chaîne de solidarité se tisse ainsi, et je sens chacun heureux. En 24h, je vais 3 fois à l’hôpital. Chaque fois, Lucienne me remercie de ce que je lui apporte de nouveau. J’ai vraiment le sentiment d’une rencontre de plus en plus profonde. Pourtant, il n’y a que peu de paroles, mais des regards, un silence, une paix, un sourire. J’habite à 750 km de là, et il me faut donc rentrer chez moi le soir même. Je suis envahie d’une joie profonde. Moins, d’une semaine après, Lucienne est décédée. J’en suis bouleversée ! Et si je n’avais pas écouté cette voix qui me disait de me soucier de Lucienne ?