En cette période pré-électorale, on ne peut guère ignorer les enjeux qui sont à notre porte.. Une question qu'on pourrait néanmoins se poser est la suivante: est ce que les programmes politiques proposés permettent la promotion d'une société plus fraternelle? Pour y réfléchir, nous échangeons des mails à ce sujet avec un petit groupe d'amis. Je ne suis pas engagée au sein d'un parti politique.. Ce qui m'a semblé intéressant, c'est de réfléchir à cette question en dehors des enjeux partisans et en dehors des préjugés. En effet, chacun a des préférences pour tel candidat ou tel autre. Mais, est ce que ces préférences et ces préjugés seraient confirmés si on étudiait objectivement leur programme, sans a priori? Pour ce faire, nous avons décidé de proposer nos propres priorités pour une société plus fraternelle. Ensuite, à posteriori, il nous sera possible d'aller voir si nos priorités se retrouvent dans les programmes de nos candidats favoris. Nous avons ainsi identifié 3 grands chantiers: la fraternité avec les générations futures (par exemple l'écologie ou le problème des retraites), la fraternité avec les autres pays (surtout ceux en voie de développement) et la fraternité en France.. Merci de réagir si vous avez des propositions à faire pour enrichir ou modifier ce cahier des charges, ou pour dire que cela vous convient! Je vous en dis plus un autre jour!
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De la coopération dans la nature
Aujourd'hui, au travail (je suis biologiste et je travaille dans un laboratoire de recherche) un collègue américain qui était de passage m'a fait découvrir un phénomène fascinant: celui des "petits mondes". De quoi s'agit-il? L'histoire est celle d'une rencontre improbable entre un étudiant en thèse (Watts) et un mathématicien (Strogatz). L'étudiant en thèse s'intéressait aux stridulations (des sortes de cris) des criquets. Dans la nature, des centaines de criquets peuvent chanter en même temps et s'arrêter presque simultanément. Comment cela se fait-il? est ce que les criquets prêtent attention seulement à leurs voisins ou bien aussi aux individus qui sont plus loin? Avec l'aide du mathématicien, ils démontrèrent que ce phénomène pouvait s'expliquer par le fait que chaque criquet faisait attention seulement à ses voisins les plus proches, et que quelques criquets faisaient attention aussi aux plus éloignés. Cela correspond à un phénomène mathématique, décrit sous le terme de "petit monde". Un petit monde correspond à un petit réseau, où chaque noeud est relié à son voisin et ou quelques noeuds sont connectés aussi à des noeuds plus lointains par un "chemin" court et direct. On sait à présent que ce modèle peut décrire aussi certaines interactions entre protéines au sein de la cellule, ou bien la façon dont les cellules nerveuses communiquent entres elles dans un cerveau humain. Elle peut s'appliquer aussi à la description du réseau internet, du réseau élecrtrique américain ou bien à des domaines aussi variés que la sociologie ou l'économie. La morale de l'histoire? Peut être que s'ouvrir au monde de l'autre (par exemple, que le biologiste s'interesse à la sociologie) donne des fruits extraordonnaires... Et ensuite, que les phénomènes de coopération semblent être l'une une loi intime de la nature...
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Cesser d'être
Avoir le soucis de l'autre implique de bien le connaître, de ne pas plaquer sur lui nos idées toutes faites. Ce soir, j'étais à une réunion traitant de ce sujet. Nous envisageons d'organiser des rencontres entres personnes de convictions opposées, avec comme règle de toujours voir l'autre comme celui qui peut nous enrichir, même si ses convictions sont diamétralement opposées aux notres.. Et nous avons conclu avec cette phrase de Tierno Bokar, un sage peul qui, quoique vivant dans un endroit reculé du Mali, a mené une vie de dialogue fécond avec la terre entière (il a énormément inspiré Théodore Monod): "Il faut cesser d'être ce que tu es et oublier ce que tu sais. Si tu restes tout plein de toi-même et imbu de ton savoir, ton prochain ne trouvera aucune ouverture pour entrer en toi. Il restera lui, et tu resteras toi'". Ce soir, je vais commencer à m'efforcer de faire le vide en moi...