C’est le coeur de l’été, dans un coin de campagne au sud de la Charente. Il y a là une grande maison, entourée de prés, de forêts, de champs de tournesol. Des chercheurs de diverses disciplines (économie, biologie, physique) ont choisi d’y passer quelques jours : 12 jours pour les uns, moins pour d’autres, car la durée est laissée au choix de chacun. Chacun a emporté son ordinateur portable, et plein de travail. L’objectif est de travailler au calme, sur un projet de fond, ou bien d’en profiter pour poursuivre un travail déjà engagé avec un autre collègue, lui aussi présent. Chacun s’est installé avec son ordinateur, qui dans sa chambre, qui dans la grande pièce commune, qui dehors au soleil. Loin du harcèlement quotidien qui fait la vie de bien des chercheurs : coups de fil, e-mails, visites, bruit, etc. Une occasion rêvée de faire ce que l’on n’aurait jamais le temps d’engager autrement. Parfois, quelques uns décident d’aller faire un jogging dans la campagne environnante, ou d’aller nager dans un lac situé pas trop loin. L’ambiance est donc à la fois studieuse, et détendue. A l’occasion, des échanges s’engagent : cela survient spontanément, par exemple alors que des chercheurs de disciplines différentes préparent le repas ensemble, ou font un jogging, ou bien à table. Parfois aussi, le soir, l’un ou l’autre fait un exposé dans lequel il expose son travail et ses méthodes aux participants des autres disciplines, tout en restant parfaitement professionnel dans son domaine. Il ne s’agit pas ici de gommer les aspérités, mais de les fructifier. Cela permet en effet de s’ouvrir à la discipline de l’autre : un genre d’interdisciplinarité du quotidien, à l’écart des grandes théories sur la multidisciplinarité et autres discours parfois stériles, voire fumeux. De part le temps que chacun consacre à son travail, chacun est renforcé dans son identité, tout en voyant son propre domaine prendre une nouvelle tournure par les échanges avec les personnes des autres disciplines. Il ne s’agit pas ici de produire un alliage informe qui n’aurait plus aucune des caractéristiques spécifiques de chaque discipline, mais bien de dialoguer dans un esprit d’échange tel que chacun garde son identité. Certains de ces échanges peuvent aboutir à des projets de travail interdisciplinaire, comme par exemple la rédaction d’un article commun. Interdisciplinarité, dialogue, respect de l’autre, vie commune sont autant de mots clefs qui expriment la teneur de ce séjour. Ainsi, un dialogue fécond est en train de naître, qui respecte l’identité disciplinaire de chacun.
C'était un temps de mon été
Fraternité - Page 28
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Interdisciplinarité au coeur de l'été
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Fraternité... chez les rats!
Un article récent, paru dans une revue scientifique (de Rutte et Taborsky, paru dans PLos Biol, Vol 5, 2007) a démontré l'existence d'un comportement étonnant chez des rats: ce comportement a été baptisé "réciprocité généralisée". De quoi s'agit-il? Des rats sont placés dans une boîte dans laquelle un appui sur un levier permet l'obtention de nourriture.. Voilà qui est très classique. Mais ce qui l'est moins, c'est le fait que la dite nouriture n'est pas destinée au rat qui appuie, mais à un congénère. Que constate-t-on? que non seulement les rats sont capables d'une telle "générosité" (se fatiguer pour un autre), mais que cette réciprocité est augmentée de 20% si le rat a lui même bénéficié de l'aide d'un autre rat dans le passé, et est augmentée de 50% si le rat a bénéficié de l'aide du rat qui en a actuellement besoin. Il s'agit donc d'une générosité parfaitement "calculée", qui n'a rien à voir avec un automatisme stupide.. C'est la première démonstration de ce genre de comportement chez une autre espèce que l'Homme.
Ou l'on voit que la réciprocité, la gratuité, loin d'être le propre de l'Homme, se trouvent aussi chez d'autres espèces. D'après les auteurs, ce comportement est bien plus répandu que l'on ne croit! Encourageant, non? -
La sobriété
L'autre jour, à un congrès, j'ai découvert le concept de sobriété. C'est une belle idée: éviter la surconsommation, par solidarité avec les générations futures. Par exemple, la sobriété énergétique consiste à éviter le gaspillage pour protéger les générations futures du pillage des ressources énergétiques. Donc, éteindre la lumière dans une pièce où l'on est pas, éviter de laisser des appareils en veille inutilement, ne pas rouler vite pour ne pas gaspiller trop de carburant ou aller en vélo, si on peut.. Ou bien, dans un autre domaine, éviter d'avoir toujours le téléphone portable ou ordinateur portable dernier cri, car on sait que ces appareils contiennent des condensateurs fabriqués à base de coltan, un minerai dont 80% des réserves se trouvent en République démocratique du Congo, alimentant dans ce pays une guerre très meurtière. Il ne s'agit pas ici de se priver, mais "juste" d'être sobre. On pourrait multiplier les exemples; l'important est d'entreprendre ces efforts non pas par adhésion à un idéal de privation ou sur le compte d'une peur du progrès, mais au service de la fraternité, de la paix, de la solidarité.. Belle idée, non?