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  • Avancées pour la Paix au Proche Orient

    On peut jouer les rabat-joie, regretter que les choses n'avancent pas assez vite, que tous les partenaires potentiels ne soient pas impliqués et décidés dans le sens de la Paix. Dostoievsky déjà avait remarqué"cette étrange sensation de contentement qu'on note toujours, même chez les gens les plus proches, quand un malheur soudain survient à leurs intimes" (Dans Crime et châtiment, tome 1, trad Markowicz, ed Babel, pp 314) et qui peut faire aussi que certains ne se réjouissent pas des progrès accomplis. Pour ma part, je ne veux pas me laisser aller à ces sentiments gris, presque noirs. Plus même: je pense que ces sentiments gris pèsent significativement dans le débat, contribuent à la morosité ambiante, empêchent tout pas en avant. Je veux me réjouir de ce qui avance, même quand on n'est pas encore certain du résultat. Voilà pourquoi je suis heureuse du sommet d'Annapolis, qui correspond à une reprise du processus de Paix au Proche Orient. Cela fait tellement longtemps que rien de significatif n'avait été entrepris que le seul fait que des personnes des deux bords acceptent le principe d'une négociation me semble un réel pas en avant. Bien sûr que le chemin est encore long, mais pour arriver au bout il faut bien commencer à marcher!

  • Respecter l'autre jusqu'à susciter la réciprocité

    Demain, je me rends pour le week end à une petite réunion de travail internationale, qui regrouppe une trentaine de participants, de toutes sortes de convictions et issus de différents pays. L'objectif: essayer de trouver un équivalent "athée" de certaines notions qui proviennent du christianisme. Exemple: l'amour réciproque. C'est l'idée, parfaitement évangélique, que si l'on "aime" l'autre, c'est à dire si l'on s'applique à faire en sorte qu'il soit heureux, l'autre ne se contente pas de rester passif, mais se met à "aimer" à son tour. En français, ce terme peut susciter bien des crispations, à la fois parce que cette notion est utilisée dans le langage courant avec une connotation très sentimentale ou affective, qui empêche d'imaginer qu'elle puisse s'appliquer à tous et aussi parce que ce mot sonne très "catho". Cependant, je pense que la notion sous jacente, bien au delà du terme lui même, peut être appropriée par les personnes convaincues par l'idéal de fraternité, bien au delà du cercle restreint des chrétiens. Il faudrait donc, pour éviter de se laisser piéger par l'expression "amour réciproque", faire l'effort de trouver un autre vocabulaire. M'est venue cette expression qui fait le titre de ce billet: "respecter l'autre jusqu'à susciter la réciprocité", mais cela me semble un peu long. Et puis, le mot "respect" peut sembler un peu faible. d'autres idées? elles sont bienvenues...

  • Se soucier des étudiants, dans une fac bloquée

    Aujourd'hui, j'étais censée avoir cours dans notre fac bloquée. Que faire? La fac étant bloquée, la plupart des enseignants ne se rendent même plus en cours. Certains cependant ont repris les cours devant un public clairsemé, constitué de moins de 2% des étudiants, et en déclarant qu'ils considéraient le cours fait et susceptible de tomber à l'examen pur l'ensemble des étudinats de la promo. Les étudiants, de leur côté, ont voté la reprise des cours à 81 %. Aucune information ne circule, de la part de la présidence de l'université, du doyen ou de la direction du département. De nombreux étudiants, désemparés, m'ont contactée pour me demander si je faisais cours ou non. Je décide de me rendre sur place. De nombreux étudiants attendent devant la porte de l'amphi. La porte est fermée à clef pour des raisons de sécurité et je me rends compte qu'il sera impossible de faire cours. Néanmoins, je profite de ce moment pour dialoguer. Je constate qu'ils sont inquiets: quand les cours reprendront-ils? seront-ils prévenus? seront-ils interrogés sur les cours qu'ils n'ont pas eus? Je leur redis mon profond attachement aux valeurs de la démocratie et que je regrette l'absence de communication. Que bien sûr je respecterais les consignes données, ne ferais cours que lorsque tous les étudiants seront là, et ne les interrogerais pas sur des cours qu'ils n'ont pas eus. Que je reviendrais chaque semaine, avant chaque cours, devant la porte de l'amphi, histoire de réviser avec eux, de répondre à leurs questions sur le cours, sur les points qu'ils n'ont pas compris. Histoire d'être à côté d'eux dans leur désarroi, de respecter ceux qui viennent. Je les sens heureux de ce dialogue, je sens que le contact est né. Un regard respecteux a tout changé. J'y retourne demain, j'ai un autre amphi qui m'attend.