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  • A l'hôpital

    La semaine dernière, alors que je suis pour deux jours dans ma famille, je vais rendre visite à Lucienne, une cousine germaine de maman, à l’hôpital. Il s’agit d’une femme de 87 ans, sans mari ni enfants. Son unique frère aussi est décédé si bien que sa belle sœur est sa plus proche parenté. Elle vit dans une maison de retraite, mais est hospitalisée depuis quelques semaines suite à une détresse respiratoire. Elle est couchée dans son lit, vêtue d’une chemise de nuit et d’une robe de chambre. Je remarque qu’à ses pieds, il y a des sur-chausses chirurgicales. Elle ne se plaint pas et, malgré son désarroi, est d’une remarquable dignité. A un moment, je comprends que dans l’urgence de son hospitalisation, tout a été oublié : elle n’a ni chaussons, ni peigne, ni serviette de bain, ni chemise de nuit de rechange. Personne, de son proche entourage, n’a constaté ce qui manquait. Une voix au fond de moi (sans doute ma conscience) me dit d’aller d’urgence acheter des chaussons, puis de solliciter ma maman et ma marraine pour trouver le reste. Une petite chaîne de solidarité se tisse ainsi, et je sens chacun heureux. En 24h, je vais 3 fois à l’hôpital. Chaque fois, Lucienne me remercie de ce que je lui apporte de nouveau. J’ai vraiment le sentiment d’une rencontre de plus en plus profonde. Pourtant, il n’y a que peu de paroles, mais des regards, un silence, une paix, un sourire. J’habite à 750 km de là, et il me faut donc rentrer chez moi le soir même. Je suis envahie d’une joie profonde. Moins, d’une semaine après, Lucienne est décédée. J’en suis bouleversée ! Et si je n’avais pas écouté cette voix qui me disait de me soucier de Lucienne ?

  • Haïti..

    En ce moment, tous les journeaux font la "Une" sur le drame qui secoue Haïti.. ; c'est normal, et indispensable, car c'est le meilleur moyen de promouvoir des actions qui permettent de tendre la main à tous ceux qui sont touchés par cette catastrophe. Il y a cependant deux choses qui me gènent dans le traitement que font les médias: a) les médias occidentaux font semblant d'ignorer notre part de responsabilité dans cette catastrophe. Vous me direz que vous n'y êtes pour rien et que personne ne peut éviter un tremblement de terre. Certes. Mais si tout s'est effondré à ce point, s'il y a une désorganisation si massive, c'est en raison de la pauvreté économique de cette île. Et cette pauvreté est aussi la conséquence  de la politique de la France à son égard. Tout le monde sait qu'en 1825 cet état a été condamné à verser à la France une dette de 150 millions de francs or en échange de son indépendance (soit le budget annuel de la France de l'époque). Plusieurs sources estiment que cela correspond à 21 milliards de dollards actuels (pour comparaison, le plan de relance de l'économie française est de 26 milliards d'euros), et cela a définitivement handicapé le développement de ce pays. Aujourd'hui, les habitants en paient le prix fort, et nous y avons notre part de responsabilité. Faire quelque chose pour tendre la main à ces personnes n'est donc que rétablir la justice. ; b) dans les médias, les habitants sont souvent présentés comme des personnes sans ressources. Mais il ne faut pas oublier que sur le plan intellectuel, ce pays est en pleine effervescence, et que ses ressources en matière de créativité sont immenses. Par exemple, en 2009, 11 prix littéraires majeurs ont été attribués à des écrivains de ce pays!! Ne l'oublions pas, et tenons en compte dans notre manière de réagir..

  • Grippe A et fraternité

    Voilà une pandémie qui, depuis la découverte des premiers cas au printemps 2009 au Mexique, a fait couler beaucoup d’encre. Les ressortissants des pays riches s’affolent et passent leur temps à débattre de sa gravité, de l’intérêt de la vaccination, etc. Bien sûr, ces réactions sont le plus souvent une illustration de l’ignorance et de l’égocentrisme le plus ridicule. Bien sûr aussi, presque tout le monde oublie les pays en voie de développement. Cet article a pour objectif de tenter d’aller un peu au-delà de l’émotionnel, pour réfléchir sur deux faits qui me semblent importants : la gravité de la grippe dans sa forme actuelle, et les risques liés à la vaccination. 

    Tout d’abord la gravité de la pandémie. Pour le moment, selon le bilan hebdomadaire de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), jusqu'au 3 janvier 2010, la grippe A/H1N1 a fait au moins 14751 morts dans plus de 208 pays et régions à travers du monde. La moitié des victimes se trouvent sur le continent américain (7513 morts, dont 2886 aux Etats Unis), un tiers en Asie (4320 morts, surtout en Inde et en Chine). L’Europe paie un tribut moins lourd (2299 morts, dont 198 en France). En Afrique, « seulement » 386 morts ont été recensés, dont 145 en Egypte, mais ces chiffres encourageants peuvent cacher une réalité qui l’est moins, à savoir que dans les pays les plus pauvres, les personnes peuvent plus fréquemment mourir de cette maladie sans que les tests permettant un diagnostic certain aient pu être réalisés. Il faudrait comparer ces chiffres avec ceux d’autres statistiques sanitaires  comme par exemple les 1,5 million d’enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de diarrhée, deuxième cause de mortalité infantile après la pneumonie, selon un rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ou encore au fait qu'un enfant de moins de 5 ans meure du paludisme toutes les 40 secondes en Afrique. Ou bien au fait que la tuberculose a tué 1,77 million de personnes en 2007. Ces premières indications poussent donc à relativiser l’amplitude du phénomène.

    Cependant, et c’est là le second point qu’il faudrait souligner, ce type de virus peut muter en une forme plus dangereuse, pénétrant plus facilement dans les poumons par exemple. Si donc la forme circulant actuellement est en général peu grave, une forme plus grave pourrait apparaître, qui serait particulièrement dangereuse et mortelle.  Et c’est pour cette raison que la vaccination est particulièrement intéressante. En effet, si les autorités sanitaires font une campagne si insistante sur la nécessité de vacciner le plus de personnes possible, ce n’est pas parce que l’on craint la gravité de la maladie (elle n’est actuellement guère plus dangereuse que la grippe saisonnière), mais parce qu’elles font le pari que moins il y aura de personnes infectées, moins le risque de propagation et donc de mutation de virus sera important. Si donc on conseille aux personnes de se faire vacciner, ce n’est pas tant pour qu’elles se protègent elles mêmes, mais pour qu’elles protègent les autres contre des risques encore plus graves. Agit pour le bien commun s’est donc aller se faire vacciner. Evidemment, l’idéal serait de vacciner également les populations des zones les plus pauvres du globe, et là des mesures seraient à mettre en œuvre par les organisations internationales. Mais en se vaccinant ici, on fait déjà un premier pas vers la protection des personnes des pays pauvres. Bien sûr, cette stratégie se fonde sur le pari que la vaccination du plus grand nombre freinera la propagation de virus et réduira les risques de mutation. Même si cela reste encore à prouver, et si pour certains cela revient à appliquer de façon peut être excessive le principe de précaution, c’est sans doute une attitude que l’on peut adopter !

    Si donc nous voulons êtres fraternels avec les pays les plus pauvres, nous pouvons adopter une attitude en 3 points : a) attirer l’attention des autorités sur les autres risques sanitaires auxquels les ressortissants des pays pauvres sont soumis chaque jour ; b) faire en sorte que des vaccins et des traitements contre la grippe A soient disponibles dans les pays du sud autant que chez nous ; c) accepter de nous faire vacciner, pour éviter la diffusion du virus.