Parfois, il me vient une pure gratitude pour tous ceux qui contribuent -le plus souvent sans le savoir- à tous les instants de bonheur simples que je peux vivre.. Le bonheur de contempler le paysage depuis mon balcon n'existe que parce que quelqu'un a fabriqué cette chaise sur laquelle je suis assisse. Le bonheur de regarder ce cèdre depuis mon bureau n'est possible que grâce à cet inconnu qui, il y a plusieurs siècles sans doute, a planté cet arbre. Et les échanges que je peux avoir depuis mon ordinateur n'existeraient pas sans tous ceux qui ont fabriqué, sûrement dans des pays lointains, chacun des composants, sans ceux qui ont construit les ampoules de la lampe qui m'éclaire. Et ce confort d'avoir chaud, je l'ai grâce à ceux qui fabriquent mes vêtements. La liste pourrait se rallonger à l'infini! et souvent donc je pense à tous ces hommes et ces femmes, d'ici et d'ailleurs, aujourdh'ui et dans le passé, qui ont contribué à ces instants. J'ai pour eux une immense gratitude, et aussi le sentiment d'une étrange rencontre avec chacun d'eux, dont pourtant je ne sais presque rien!
- Page 2
-
-
Interdisciplinarité au coeur de l'été
C’est le coeur de l’été, dans un coin de campagne au sud de la Charente. Il y a là une grande maison, entourée de prés, de forêts, de champs de tournesol. Des chercheurs de diverses disciplines (économie, biologie, physique) ont choisi d’y passer quelques jours : 12 jours pour les uns, moins pour d’autres, car la durée est laissée au choix de chacun. Chacun a emporté son ordinateur portable, et plein de travail. L’objectif est de travailler au calme, sur un projet de fond, ou bien d’en profiter pour poursuivre un travail déjà engagé avec un autre collègue, lui aussi présent. Chacun s’est installé avec son ordinateur, qui dans sa chambre, qui dans la grande pièce commune, qui dehors au soleil. Loin du harcèlement quotidien qui fait la vie de bien des chercheurs : coups de fil, e-mails, visites, bruit, etc. Une occasion rêvée de faire ce que l’on n’aurait jamais le temps d’engager autrement. Parfois, quelques uns décident d’aller faire un jogging dans la campagne environnante, ou d’aller nager dans un lac situé pas trop loin. L’ambiance est donc à la fois studieuse, et détendue. A l’occasion, des échanges s’engagent : cela survient spontanément, par exemple alors que des chercheurs de disciplines différentes préparent le repas ensemble, ou font un jogging, ou bien à table. Parfois aussi, le soir, l’un ou l’autre fait un exposé dans lequel il expose son travail et ses méthodes aux participants des autres disciplines, tout en restant parfaitement professionnel dans son domaine. Il ne s’agit pas ici de gommer les aspérités, mais de les fructifier. Cela permet en effet de s’ouvrir à la discipline de l’autre : un genre d’interdisciplinarité du quotidien, à l’écart des grandes théories sur la multidisciplinarité et autres discours parfois stériles, voire fumeux. De part le temps que chacun consacre à son travail, chacun est renforcé dans son identité, tout en voyant son propre domaine prendre une nouvelle tournure par les échanges avec les personnes des autres disciplines. Il ne s’agit pas ici de produire un alliage informe qui n’aurait plus aucune des caractéristiques spécifiques de chaque discipline, mais bien de dialoguer dans un esprit d’échange tel que chacun garde son identité. Certains de ces échanges peuvent aboutir à des projets de travail interdisciplinaire, comme par exemple la rédaction d’un article commun. Interdisciplinarité, dialogue, respect de l’autre, vie commune sont autant de mots clefs qui expriment la teneur de ce séjour. Ainsi, un dialogue fécond est en train de naître, qui respecte l’identité disciplinaire de chacun.
C'était un temps de mon été