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solidarité - Page 10

  • A la caisse de la superette

    Ce soir, en sortant du travail, je vais acheter 2-3 babioles à la superette du coin. A la caisse, je remarque le comportement des gens. Une femme appelle un numéro avec son portable alors que son tour est arrivé de payer ses achats. Aucune attention portée à la caissière, puisque la cliente continue la conversation, sans ce soucier des gens autour d'elle et encore moins de la caissière. Une autre met ses articles sur le tapis roulant de la caisse, les récupère à l'autre bout, paie et s'en va. A aucun moment, elle n'a regardé la caissière ou dit un mot. Les gens sont là, mais ils sont plus encore ailleurs. Je me dis que la fraternité, c'est de prêter attention à ceux qui sont à côté de nous maintenant, d'être présente à ces actes simples à l'instant présent. Quand arrive mon tour, je salue la caissière, croise son regard, lui offre un sourire, lui montre qu'elle est présente en moi à cet instant. Pas grand chose en fait, presque rien. Mais la fraternité se construit avec presque rien.

  • La Vénus hottentote, les têtes maories et le respect de l'Homme

    La ville de Rouen va restituer le 25 octobre à la Nouvelle-Zélande une tête de guerrier maori momifiée et tatouée qui avait été donnée à son muséum à la fin du XIXe siècle. Cette type de tête a longtemps été exposée au public comme un objet de curiosité, en oubliant qu'il s'agissait des restes d'un être humain qui a droit, non à la curiosité, mais au respect, à la paix, à une sépulture digne. Depuis les années 1980, la Nouvelle-Zélande exige la restitution de tous les restes humains maoris qui figurent dans les collections occidentales, dans le but de leur donner une sépulture selon les rites pratiqués dans ces tribus. Plusieurs villes de part le monde comme Genève, Bâle, Manchester, Londres, Glasgow, Edimbourg, Copenhague et Brème ont déjà répondu positivement à cette légitime demande et Rouen est la première ville française à s'inscrire dans une telle démarche.
    On ne peut que s'en réjouir, puisque cette démarche va dans le sens d'un progrès dans le respect du à chaque être humain. Qui voudrait que ses restes soient exposés à la vue du public dans un musée? On peut se souvenir que les restes de la dépouille de Saartjie Baartman, surnommée la Vénus hottentote, ont, de la même façon, été restitués à l'Afrique du Sud où elle put bénéficier d'une sépulture correspondant aux traditions de son peuple, après avoir été exhibée comme un animal de zoo.
    Je pense donc qu'il faudrait ainsi restituer tous les restes d'êtres humains à leur pays d'origine, afin qu'ils puissent y recevoir une sépulture digne, selon leurs traditions. Et aussi que l'in-humanité est d'abord dans celui qui, comme un spectateur au zoo, a osé regarder ces restes comme on regarde un spectacle. En empêchant que les restes de ces êtres humains soient ainsi livrés au regard du public, on fait faire à l'humanité un pas décisif dans le sens de la fraternité et du respect dus à tout Homme, y compris après sa mort.

  • Geste de paix entre les deux Corée

    Bien sûr, on peut être suspicieux, critique, incrédule. Bien sûr, on peut douter de la sincérité du geste de paix entrepis aujourd'hui entre les chefs d'Etat des deux Corée. Bien sûr, on peut n'y voir qu'un calcul politique de la part des deux hommes. Il n'en reste pas moins qu'en parcourant à pied la ligne de démarcation entre les deux pays qui sont toujours officiellement en guerre, M. Roh a accompli un geste historique : c'est en effet la première fois depuis plus de 50 ans qu'un dirigeant de la Corée du Sud passe cette ligne qui coupe en deux la péninsule. Signée lors de l'armistice de 1953, cette ligne sépare la nation coréenne, divisée par les Etats-Unis et l'URSS à la suite de la défaite du Japon. Le geste est plus que symbolique, car de réels échanges économiques existent entre les deux pays qui se chiffreront en 2007 à 1,7 milliard de dollars, soit quatre fois plus qu'en 2000. Comme pur beaucoup de choses, on peut voir dans un verre le côté moitié vide ou le côté moitié plein. Pour ma part, j'ai choisi de voir le positif, de me réjouir de la dimmension fraternelle de ce geste. J'ai décidé d'y voir un pas de plus en avant sur le chemin de la fraternité. POurquoi toujours voir le négatif partout? Dostoievsky déjà s'étonnait de cette tendance si humaine à se réjouir de ce qui va mal.