La semaine dernière, alors que je suis pour deux jours dans ma famille, je vais rendre visite à Lucienne, une cousine germaine de maman, à l’hôpital. Il s’agit d’une femme de 87 ans, sans mari ni enfants. Son unique frère aussi est décédé si bien que sa belle sœur est sa plus proche parenté. Elle vit dans une maison de retraite, mais est hospitalisée depuis quelques semaines suite à une détresse respiratoire. Elle est couchée dans son lit, vêtue d’une chemise de nuit et d’une robe de chambre. Je remarque qu’à ses pieds, il y a des sur-chausses chirurgicales. Elle ne se plaint pas et, malgré son désarroi, est d’une remarquable dignité. A un moment, je comprends que dans l’urgence de son hospitalisation, tout a été oublié : elle n’a ni chaussons, ni peigne, ni serviette de bain, ni chemise de nuit de rechange. Personne, de son proche entourage, n’a constaté ce qui manquait. Une voix au fond de moi (sans doute ma conscience) me dit d’aller d’urgence acheter des chaussons, puis de solliciter ma maman et ma marraine pour trouver le reste. Une petite chaîne de solidarité se tisse ainsi, et je sens chacun heureux. En 24h, je vais 3 fois à l’hôpital. Chaque fois, Lucienne me remercie de ce que je lui apporte de nouveau. J’ai vraiment le sentiment d’une rencontre de plus en plus profonde. Pourtant, il n’y a que peu de paroles, mais des regards, un silence, une paix, un sourire. J’habite à 750 km de là, et il me faut donc rentrer chez moi le soir même. Je suis envahie d’une joie profonde. Moins, d’une semaine après, Lucienne est décédée. J’en suis bouleversée ! Et si je n’avais pas écouté cette voix qui me disait de me soucier de Lucienne ?
Se soucier de l'autre - Page 3
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A l'hôpital
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Du commerce de proximité à Haïti
Juste avant Noël, un commerçant me propose de mettre un bulletin dans une urne, "pour gagner". Je n'avais pas vraiment envie de m'éxécuter, mais je l'ai fait quand même, pour faire plaisir au commerçant qui insistait. Et voici que cette semaine, un courrier m'annonce que j'ai gagné un bon d'achat de 75 euros! C'était une belle surprise! Aussitôt, je me dis que c'est l'occasion rêvée pour un geste fraternel. Je décide donc, avec ce bon d'achat, de faire mes courses habituelles. Cela me fait économiser 75 euros, que je vais envoyer à Haïti. Aujourd'hui, je me suis rendue chez le commerçant, tout heureux de voir "sa gagnante" arriver. Je lui ai raconté que j'avais mis ce bulletin pour lui faire plaisir, que cela permettrait un geste de solidarité avec les sinistrés. Du coup il était lui aussi, tout heureux, conscient de participer indirectement à la solidarité avec Haïti. Comme quoi, un simple geste (mettre un bulletin dans un urne pour faire plaisir à un commerçant) dans un petit commerce de ma ville (pour soutenir le commerce de proximité) peut avoir une petite répercussion à l'autre bout de notre planète bleue.
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Bref partage dans le bus
Plusieurs sièges sont libres dans le bus, mais je choisis de m'installer à côté d'une jeune femme voilée de la tête aux pieds par un genre de burka. Je lui souris, lui demande si la place est libre. Nos regards se croisent, je la sens tendue. La fraternité, c'est ausi briser ses préjugés. Je la sens nerveuse, et assez rapidement, elle me demande si je sais comment se passent les examens. Elle m'explique alors qu'elle se rend à un oral du Bac, et qu'elle s'était trompé d'adresse si bien qu'elle était à présent très en retard. Une discussion s'engage, puisque je lui explique que justement, je suis Professeur à l'Université. Je tente de la rassurer. Nous nous intéressons l'une à l'autre à présent; je lui demande ce qu'elle veut faire ensuite et elle me dit qu'elle aimerait devenir avocate. Lorsque nous arrivons à destination, je sens que nous sommes heureuses toutes les deux; un espace de fraternité s'est construit. Je lui dis que je vais penser très fort à elle, et elle a un immense sourire, avec les traits tous détendus!