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Se soucier de l'autre - Page 7

  • Savoir quoi faire

    Ce matin, je me rends à la fac à 8h. Un dispositif a été mis en place pour empêcher le blocage du site, une large majorité d'étudiants (81%) ayant voté pour la reprise des cours. En effet, une précédante tentative de reprise avait échoué lundi et s'était terminée par de la violence et des dégradations. J'arrive donc alors qu'il fait encore nuit et je me trouve face à un dispositif impressionant: quelques 16 cars de CRS et des gardiens qui sillonnent les locaux. J'avais promis aux étudiants dene pas faire cours, mais de me rendre néanmoins sur place pour les aider dans leurs révisions. En effet, mes cours sont dédoublés et je n'ai pas pu faire cours à la première moitié de la promo hier. Le soucis d'équité m'empêche donc de faire cours aujourd'hui, mais le soucis du respect des étudiants me pousse à me rendre sur place pour répondre à leurs questions, leur exprimer ma proximité alors que nombre d'entre eux sont dans un profond désarroi. Je les avais prévenus par mail de ce projet et j'ai été touchée de leurs réponses. Plusieurs en effet m'ont écrit pour me remercier, en me disant que j'étais la seule enseignante à les tenir au courant. Cette situation m'a engagé dans les réflexions suivantes:
    a) Quand on a un objectif comme celui d'agir pour la fraternité, on voit clairement quoi faire, dans n'importe quelle situation. J'ai en effet l'impression que beaucoup de mes collègues n'ont pas cette espèce de "boussole" interne et que, du coup, ils ne savent pas dans quelle direction aller, quelle voix écouter.. Pour ma part, l'engagement pour la fraternité me pousse au service, à l'équité, à la disponibilité, au respect, à l'écoute...
    b) Quand on a le soucis de l'autre, cela induit la réciprocité chez l'autre. Les gestes de remerciement des étudiants en sont l'expression la plus frappante...

  • Se soucier des étudiants, dans une fac bloquée

    Aujourd'hui, j'étais censée avoir cours dans notre fac bloquée. Que faire? La fac étant bloquée, la plupart des enseignants ne se rendent même plus en cours. Certains cependant ont repris les cours devant un public clairsemé, constitué de moins de 2% des étudiants, et en déclarant qu'ils considéraient le cours fait et susceptible de tomber à l'examen pur l'ensemble des étudinats de la promo. Les étudiants, de leur côté, ont voté la reprise des cours à 81 %. Aucune information ne circule, de la part de la présidence de l'université, du doyen ou de la direction du département. De nombreux étudiants, désemparés, m'ont contactée pour me demander si je faisais cours ou non. Je décide de me rendre sur place. De nombreux étudiants attendent devant la porte de l'amphi. La porte est fermée à clef pour des raisons de sécurité et je me rends compte qu'il sera impossible de faire cours. Néanmoins, je profite de ce moment pour dialoguer. Je constate qu'ils sont inquiets: quand les cours reprendront-ils? seront-ils prévenus? seront-ils interrogés sur les cours qu'ils n'ont pas eus? Je leur redis mon profond attachement aux valeurs de la démocratie et que je regrette l'absence de communication. Que bien sûr je respecterais les consignes données, ne ferais cours que lorsque tous les étudiants seront là, et ne les interrogerais pas sur des cours qu'ils n'ont pas eus. Que je reviendrais chaque semaine, avant chaque cours, devant la porte de l'amphi, histoire de réviser avec eux, de répondre à leurs questions sur le cours, sur les points qu'ils n'ont pas compris. Histoire d'être à côté d'eux dans leur désarroi, de respecter ceux qui viennent. Je les sens heureux de ce dialogue, je sens que le contact est né. Un regard respecteux a tout changé. J'y retourne demain, j'ai un autre amphi qui m'attend.

  • Les free hugs

    Dimanche soir, discussion animée et enthousiaste avec Antoine, un jeune adolescent, très branché sur le concept des "free hugs" (câlins gratuits, plus d'infos sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Free_Hugs). L'idée est simple: des personnes se rendent dans un lieu public avec une pancarte "free hugs", en étant disponibles pour les autres. Il me raconte avoir entrepris la chose récemment, et que cela rendait les gens plus solidaires les uns envers les autres. Qu'avec une vingtaine de copains embarqués dans la même aventure, ils avaient ainsi aidé au dépannage d'une voiture.. La chose va donc bien plus loin que des câlins, pour se transformer en une véritable attention portée aux autres.
    Evidemment, je n'avais jamais entendu parler de ce concept, et mon tempérament ne me porte pas à entreprendre ce genre d'action. Mais, malgré le côté spectaculaire, il s'agit néanmoins de réel gestes de fraternité. Je me dis que, même sans aucune pancarte, je vais essayer de me mettre dans cette disposition d'esprit aussi souvent que possible! et que la fraternité peut prendredes formes innovantes et audacieuses, loin des sentiers battus.