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Fraternité - Page 4

  • Réconcilier des théories opposées

    Je suis chercheur, spécialisée dans le domaine de la dépresion, la maladie du siècle. Actuellement, deux théories s'opposent: pour l'une d'elles (que j'ai contribué à promouvoir) le problème vient d'un déficit de nouveaux neurones dans le cerveau, et pour l'autre, c'est une affaire d'hormones du stress, libérées de façon incontrolable. Chercher à construire la fraternité signifie aussi regarder l'autre, le différent, l'ennemi en se disant qu'il a quelque chose à nous apporter. Et dans mon cas, cela veut donc donc dire considérer la théorie opposée en pensant qu'elle contient quelque chose de juste. Changer ainsi de regard m'a permis, avec quelques uns de mes étudiants, de faire des expériences qui ont abouti à réconcilier les deux théories opposées, en montrant que le rôle des nouveaux neurones du cerveau était, entres autres, de contrôler les hormones du stress. Les deux théories sont donc justes toutes les deux, l'une complétant l'autre. Cette découverte va permettre de trouver de nouveaux traitements pour cette maladie encore difficle à soigner. La fraternité peut donc avoir des résultats plus qu'efficaces! j'ai pu communiquer mes travaux à des congrès scientifiques, et j'ai pu constater que réconcilier ainsi les opposés était en général très bien acceuilli. Récemment, la découverte a été publiée dans un grand journal scientifique, et a fait l'objet de beaucoup de communication dans les médias (plus de 150 articles), à la fois locaux (TV, radio, journeaux), nationaux (par exemple sur la radio mais aussi dans des magazines féminins) et même internationaux (jusqu'en Australie et au Vietnam).. Je regrette juste de ne pas parvenir à faire ressortir ma joie la plus grande, celle d'avoir contribué à cette réconciliation!

  • Accueillir

    Depuis quelques temps déjà, j'ai entrepris diverses démarches pour faire venir un étudiant tunisien dans mon laboratoire. Les formalités sont longues, mais voilà que de façon inattendue, Wahid (c'est son nom) m'envoie un message pour me dire qu'il arrive le lendemain matin à Orly. La nouvelle est presque brutale, tellement les choses avaient pris du retard! Je suis en déplacement à Marseille, impossible de chercher Wahid à l'aéroport (à 250 km du laboratoire). Je sollicite donc mes collègues qui répondent positivement à mon appel à l'aide pour bien accueillir Wahid. C'est ainsi que Wahid est cherché à la gare, amené chez un étudiant chez qu'il passe la soirée. J'en suis heureuse, car je sens que toute une dynamique de fraternité est née autour de lui. Je le récupère là, et, comme le CROUS est fermé, je décide de l'héberger à la maison. Le lendemain, mon programme de chef de service est déjà bien chargé et je dois une nouvelle fois faire appel à la générosité de mes collègues. L'un d'entre eux ammène Wahid s'inscrire à la Fac. Quand je reviens de mes rendez vous, je découvre la brutalité administrative. En effet, pour que Wahid obtienne sa Bourse (ce qui lui permet de vivre ici) il lui faut un compte bancaire. Mais pour ouvrir le compte, il faut une adresse. Nous allons à la Cité U et là le CROUS demande une caution et une assurance. Nous cherchons à la va-vite une assurance sur le web, mais celle que nous trouvons nécessite un paiement en ligne, ce qui signifie donc un compte bancaire. C'est donc le cercle vicieux. Dans le cas de Wahid, pas de problème puisque je suis là pour la caution et pour l'assurance. Mais sinon? enfin, nous avons la clef. Il est 18h. J'accompagne Wahid pour l'aider dans le transfert de ces lourds bagages. En rentrant dans la chambre, je vois son lit, avec juste un matelas, sans draps, ni couvertures. A ma question, il me dit qu'on lui a dit d'attendre le lendemain pour les draps! bien sûr, je rentre chez moi chercher le nécessaire, mais que ce serait-il passé si Wahid n'avait connu personne? Morale de l'histoire: a) à force de semer la fraternité, vos collègues se mettent en route à leur tour; b) sans la soucis de l'autre, la bureaucrate peut devenir bien monstrueuse!

  • Dialoguer entre chrétiens, musulmans et marxistes

    Mais que faisais-je donc à Dakar? bien sûr, découvrir le Forum Social, s'enrichir de tout ce foisonnement d'idées, d'initiatives, mais aussi animer, avec des amis, une table ronde sur ... le dialogue! c'est bien sûr la suite logique de ce que je racontais dans le billet précédant. Car il y a bien ce "melting pot" d'idées, mais parfois on a aussi l'impression que tous ces courants d'idées sont juxtaposés les uns aux autres, sans susciter beaucoup d'échanges, de possibilités de s'enrichir, de s'écouter, en particulier lorsque les racines de ces idées sont différentes, voire éloignées. Voilà pourquoi je participais là bas une table ronde dont le but était le dialogue entre chrétiens, musulmans et marxistes. Nous avons proposé une régle du jeu en 3 points: a) se battre ensemble pour des valeurs communes (paix, justice, fraternité) b) chacun gardant son identité, sans la masquer. Car parfois, au prétexte d'éviter tout motif de division, chacun masque, cache son identité. Mais alors, comment s'enricihir de la différence? la deuxième point était donc d'affirmer son identité, mais comme un don pour l'autre c) le troisième point quant à lui est se s'enrichir de ce qu'est l'autre, en enlevant tous nos préjugés et aussi toute idée de ramener l'autre à nos propres convictions..Lors de notre table ronde, une idée force a émergé: quelque soit notre horizon (marxiste, chrétien ou musulman), nous croyons tous en l'empathie comme catégorie politique.. Tout un programme, sans doute à discuter avec d'autres!