L'un des grands reproches que l'on fait généralement au FMI est que ce fond impose des décisions budgétaires drastiques aux pays les plus pauvres, entraînant parfois des résultats désastreux pour les populations, sans que ces derniers n'aient le droit à la parole. Le projet de Dominique Strauss-Kahn, candidat à la présidence du FMI, de donner une part plus large aux pays pauvres dans le processus de prise de décision du FMI est donc un projet qui devrait permettre d'améliorer ce système de façon notable. En effet, le candidat avance l'idée que certaines décisions nécessiteraient l'approbation d'une majorité des pays membres et souhaite une plus forte représentation des pays pauvres et émergents au sein du personnel du FMI, de sorte qu'il ait une meilleure connaissance des pays qu'il conseille.
Il me semble que cette proposition est pertinente, car je pense que l'aide au développement ne peut être efficace que dans le cadre d'un dialogue respectueux, dans lequel chacune des parties est écoutée et prise en compte. La fraternité suppose toujours la réciprocité dans la prise de décision. Un échange disymétrique, dans lequel l'une des parties impose son point de vue (même si elle estime ce point de vue fondé et orienté sur le bien de l'autre) ne peut être fraternel.
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La réforme du FMI
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Pourquoi être fraternel?
Pour la plupart des gens, ça semble évident: la fraternité est une bonne chose! mais avons nous déjà essayé de réfléchir aux raisons qui font qu'il vaut mieux être fraternel? il n'y a sans doute pas une seule réponse, et selon la sensibilité ou la culture de chacun, la réponse sera sans doute différente. Pour certains, il faut être fraternel pour des raisons pragmatiques: une société plus fraternelle "marche mieux" car les gens y sont plus heureux et que donc les conflits sont moins fréquents, ce qui est un bienfait pour tous. Pour d'autres, les raisons touchent davantage à des positionnements idéologiques ou religieux: l'humanité doit être fraternelle car les hommes sont tous frères, étant les enfants d'un même Père, ou bien elle doit être fraternelle car la nature de l'homme est d'être tourné vers les autres et empathique, ou encore car notre conscience nous dicte de tels choix.. Il y a sans doute encore bien d'autres motifs à la fraternité. Peu importe d'ailleurs d'où chacun tire sa source, mais connaître les raisons des choix de chacun peut enrichir et encourager tout le monde! N'hésitez donc pas à faire conaître les votres! De toute façon, l'essentiel reste que le plus grand nombre se mette en marche pour oeuvrer à un monde plus juste, plus équitable, plus fraternel.
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Dialogue entre disciplines différentes
La notion d’interdisciplinarité est très en vogue, au point que le mot semble devenu le sésame ouvrant toutes les portes, donnant droit à tous les financements. On ne peut bien sûr que s’en réjouir, tant la spécialisation à outrance peut parfois être stérile. Et pourtant, cet engouement s’accompagne de bien des travers, qui ne peuvent qu’en limiter la portée. Bien souvent, l’interdisciplinarité n’est qu’un mot creux, un discours convenu, dans lequel chacun se contente de rappeler les limites de l’approche purement disciplinaire, d’en dresser l’histoire, ou, pire encore, de faire des déclarations d’intention vagues, regrettant un âge d’or passé dans lequel la séparation disciplinaire n’existait pas. Cela aboutit malheureusement à un magma sans délimitation claire, dans laquelle la richesse de chaque discipline est gommée. Comme si l’échange ne pouvait aboutir qu’à la perte de la richesse de chacun. Est-ce le constat d’un défi impossible à atteindre ? Non, car je pense qu’une autre approche est possible, dans laquelle la diversité de chaque discipline est respectée tout en étant ouverte à la richesse de l’autre. Déjà, des tentatives naissent et, pour illustrer mon propos, je vais m’appuyer sur deux exemples : un enseignement qui a lieu à l’université de Tours et une rencontre qui a lieu chaque année dans le Sud de la Charente. L’enseignement en question regroupe des doctorants de plusieurs disciplines (physique, mathématique, biologie, psychologie, informatique) et des professeurs (deux physiciens, un économiste et une psychobiologiste). L’originalité de ce cours réside à la fois dans la méthode (chacun des enseignants participe aux cours des autres, pourtant situés dans un champ disciplinaire éloigné, en posant des questions, en faisant un développement sur un point précis, devenant ainsi tour à tour enseignant et élève) et dans le contenu pédagogique, qui est une véritable gageure: faire entrer chacun dans le monde de l’autre et en échange recevoir de l’autre un point de vue sur sa propre discipline pourtant si spécialisée. Ainsi, le psychologue entre dans le monde du physicien et renvoie à ce dernier ce qu’il a reçu, ce qui vient par une sorte d’effet boomerang » féconder le champ de la physique. Cette expérience novatrice est particulièrement riche, aussi bien pour celui qui fait le cours (qui ressent la nécessité de clarifier son discours bien plus que lorsqu’il s’adresse à un auditoire spécialisé) que pour celui qui le reçoit (qui s’enrichit aussi en pénétrant dans la méthodologie de l’autre). Ainsi, chacun est renforcé dans son identité, tout en voyant son propre domaine prendre une nouvelle tournure. Dans le même esprit, des chercheurs de diverses disciplines (biologie, physique, économie) font l’expérience depuis plusieurs années de se retrouver en été pour quelques jours de travail à la campagne, dans le cadre bucolique de Sainte Souline, petit hameau du Sud des Charentes. Chacun amène son ordinateur, et travaille dans son domaine. Les échanges, destinés à entrer dans le monde de l’autre, se font spontanément (par exemple pendant la préparation ou le partage du repas), ou lors de communications plus élaborées, dans lesquelles chacun présente son travail disciplinaire. Il ne s’agit pas ici de produire un alliage informe qui n’aurait plus aucune des caractéristiques spécifiques de chaque discipline, mais bien de dialoguer dans un esprit d’échange tel que chacun garde son identité. Ainsi, une interdisciplinarité renouvelée est en train de naître, qui respecte l’identité de chacun.